En vrac: Oraison funèbre, vain génie et franche poilade.

26 avr 2012 par Onc' Babast, 4 commentaires »

Mardi 14 Avril 2025 15h23, Paroisse de Sainte Wonder Woman (autrefois saint Glandgland). Temps plutôt ensoleillé, peu nuageux donc, léger vent de Sud/ Sud-Ouest, température 21° C.

« Mike Brandt. Cloclo. C.Jérome. Et maintenant toi, Castor.

Lorsqu’un bon gars vient à disparaître, il est impossible de se résoudre à son absence, tant sa lumière nous imprègne quotidiennement. Un morceau de lui nous appartient, son existence est nôtre. Et puis voilà qu’ on nous en ampute. On se sent comme Gary Coleman sans ses reins: Tout petit  tout rabougri, tout misérable. Ou comme ce type avec son bon vieux Hard-Fm…

« Mais qu’est-ce que tu me wacontes-là? ». Eh bien qu’il est crevé l’animal. Et il nous faut l’accepter. Evidemment, on rit encore pour des bêtises comme des enfants, mais pas comme avant. Non, pas comme avant. Le Rongeur a rejoint Pollux tout là-haut bien au-delà de l’ Univers tangible (et putain, à des années-lumières de ta connerie,toi là-bas, le binoclard à bouclettes).  Mais rappelons-nous  ensemble le meilleur de sa vie  le Maxi-Best-of, la Compil qui tombe pile du Bouffeur d’ écorce.

Un beau jour, alors qu’il n’a que 12 ans, le poster géant de Wham qu’il a fixé sur le mur en face de son lit s’adresse littéralement à lui. D’une voix douce, teinte de gourmandise, George Michael lui souffle: « Eh bien, eh bien, joli garçonnet?  Tu sembles t’ennuyer dis-donc! Allez prends ton baluchon, parcours le monde et rejoins-moi que je te fasse sauter sur mes genoux! Mais surtout, réveille-moi avant qu’tu pa-artes! ».
Il s’exécute, prend la poudre d’escampette en quête de liberté, d’ inspiration et des genoux à George. Sur son chemin, notre ami poilu se prend à rêver d’ étoiles, de célébrité facile, d’alcool de drogues et de putes à gogo. Alors, Dieu, dans sa miraculeuse générosité, décide de lui filer un coup de main. A l’orée d’une forêt de chênes longée par le Mississippi, pas si loin à l’Ouest de Brive-la-Gaillarde, alors qu’il n’arrive toujours pas à siffloter à cause de ses dents trop longues, Castor croise la route d’un huluberlu qui l’initie au rock en se la racontant un maximum malgré son allure de grand crétin. C’est la révélation. La musique sera le médium de la bestiole et la gloire, son inaccessible amour. Mais l’euphorie s’estompe bien vite lorsque les difficultés apparaissent. Le fantasme aérien de grandeur engendre dans sa triste agonie la carcasse concrète et lourde de la réalité. Combien de tomates ramassées dans la gueule à défaut de tomber dans l’estomac? Combien de coups de pieds au cul, de talons sur sa queue plate, de railleries d’ivrognes imbéciles? Combien de nuits glacées passées dehors recroquevillé comme une araignée pitoyable, dans les odeurs de pisses de marins trop saouls, à maudire George et à l’implorer à la fois? Non, il n’y aurait jamais « d’à dada sur mon bidet », pas plus que de salopes frottant leurs culs avides sur le lustre de sa guitare maintenant toute pourrie.
Et puis vient cette nuit de Noel qui ressemble au coup d’épée dans la nuque du taureau. Un certain Mr Ingalls de Salon-de-Provence dans le Nebraska lui accorde la chaleur de sa demeure, et quatre bouts de pain. Là, notre héros fait la connaissance de trois frères au talent si extraordinaire qu’il décide de jeter son rêve au panier non sans ricanner sous cape: et oui, à quoi bon être un surdoué du banjo quand tout le monde s’en cogne de la Country?

YYYYYYYYYYIIIIIIIIIIAAAAAHOUHOUHOUUUUUUUH!!!!!

Filez-moi un chapeau que j’le jette par-terre et un saloon à dévaster, putain!


Bref, Castor fait reprendre à son existence un cours plus normal, se consacrant à sa famille  et à son travail de bûcheron. La raison l’a emporté sur le Rock n’roll. Et c’est cette même raison qui le précipite vers cette mort à la con:


Dans la vie, l’ironie peut  parfois avoir des allures de grosse pute.

Paix à ton âme, Castor. »


4 commentaires

  1. da beava dit :

    Tu m’as presque fait chialé espèce de p’tite vérole.

  2. raoul dit :

    Merci pour cette émouvante nouvelle.
    Comme quoi, « la raison précipite vers une mort à la con ».

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