L’été.
Eros baisse son froc et ces dames tombent le bikini. Les canailles promènent leurs imposants paquets à l’étroit dans des slips de bain ridicules. Les Unes des magazines sont Ouah! Torrides! Une odeur animale se répand par les rues. Et ces arrogants petits culs qui se dandinent sous votre nez de gars bizarre de la classe moyenne, ces ptits culs donc vous promettent… Eh bien… Une branlette pathétique seul le soir dans la piaule, au mieux aux chiottes pendant que Madame dévore gentiment le dernier Best-Seller de l’été dans le salon.
Au beau milieu de cette représentation stéréotypée, idiote et vulgaire de l’été, il y a nous, nous avec nos bides qui commencent à pendouiller, nos toux grasses, nos clopes, nos pastis et nos bières, nous avec nos angoisses, nos pétards, nos antidépresseurs ou nos anxiolytiques. Bref, nous dans la réalité, digérant lentement nos illusions perdues et nos conneries passées.
Putain. On dirait une mauvaise imitation d’un Marc Lévy désabusé…Quoique j’ai jamais lu de Marc Lévy. Chuis ptêt meilleur que lui qui sait… Quelqu’un sait?
Enfin. Ce triste constat (certes exagéré) refroidit un peu mais, qu’on se rassure, il y a plus glacial. J’en tiens pour preuve cet excellent roman plus ou moins historique que j’essaye laborieusement de terminer depuis 2 ans déjà et qui a pour titre « The Terror », une épopée navale tournant rapidement à la chronique d’un suicide collectif au fin-fond du Grand-Nord. Des tempêtes, des ténèbres, de la glace à perte de vue, des alcooliques, du scorbut, de la puanteur, du sang, de la crasse, d’immenses espoirs et d’abyssales désillusions , avec en prime une effroyable créature qui dévore l’une après l’autre ou par cornets taille « menu Maxi-Best-Of » ces loques humaines désespérées, terrifiées, affamées mais en quête aveugle de gloire puis de survie dans ces contrées hostiles en ce milieu du 19e siècle. Du positif, quoi.
Alors, oui, l’été on veut du Musso, du Lévy, du gentil, du léger, du lumineux. Ok. Mais si on se laisse entraîner par le talent de conteur de Dan Simmons (auteur rompu à l’exercice du roman de SF), alors, enthousiasmés, on ira symboliquement crever avec ces pauvres bougres. Au moins, l’imaginaire de nos esprits de Moyennards* du 21ème siècle s’en verra comblé.
Donc, pour moi, l’été ne sera pas « esquimaux-parasols-culs-bites-chattes » mais plutôt « scorbut-obscurité-désolation à -70°C ». Et si c’est pas Rock’n'roll ça, eh bin je n’vous dis plus bonjour. Plus jamais.
Au plaisir et bonnes vacances.
PS: N’oubliez pas de vous munir d’une encyclopédie sur les navires du 19e parce que, franchement, les descriptions des bateaux sont vraiment obscures. En même temps, c’est l’occas’ d’apprendre un truc.
*« de la classe moyenne. » c’est de moi, ça. Chouettos hein, les copains?